Emile Nolde
Emil Nolde, peintre majeur de l'expressionnisme allemand magnifiquement mise en scène est organisée en coopération avec la Fondation Nolde Seebüll, avec comme commissaire d'exposition Manfred Reuther, ex directeur de cette fondation. Quatre vingt œuvres sont présentées, de ses premières peintures réalisées en 1895/96 à l'age de trente ans, peuplée de trolls grotesques inspirées des sagas scandinaves –Il réalise sur ce thème une série de cartes postales qui recueillent un grand succès et lui procurent des revenus conséquents qui lui permettrons ensuite de voyager– aux dernières œuvres des années 50.
Séjournant à Paris au tournant du siècle, il est influencé par Manet, Daumier mais surtout par Gauguin et bien sur par Van Gogh et ensuite fortement par Munch.
Pour lui, les couleurs de Gauguin n'étaient pas assez nerveuses.
La couleur est pour Nolde un moyen d'expression naturel quasi instinctif, émotionnel, qui lui procure depuis son plus jeune age, une joie profonde. S'ajoutent son inventivité artistique et sa spontanéité qui font de cet artiste un virtuose de la couleur.
Ses œuvres sont à la fois marquées par de nombreux et parfois lointains voyages à l'étranger et par un fort enracinement dans sa région d'origine, le Schleswig, situé à la frontière avec le Danemark. De Moscou à la Guinée, alors colonie allemande, il peint des personnages « en harmonie avec la nature ».
De sa période berlinoise, il représente des personnages de cabaret. On note ici des correspondances avec Matisse, la avec Asker Jorg... Certains tableaux font penser en effet au mouvement Cobra, pourtant plus tardif.
Emil Nolde était religieux à la manière scandinave, peu démonstrative mais personnelle. Adam et Eve, le martyr des Chrétiens, les flammes de l'enfer sont pourtant représentées dans des couleurs fortes dessinant un univers prenant.
Emil Nolde est un romantique allemand fortement influencé nous dit Manfred Reuther par Caspar David Friedrich sans que cela soit explicite dans ses œuvres.
Notons que ses personnages sont rarement identifiables en tant qu'individus mais représentent le paysan, le pécheur, la danseuse, etc.
Pas non plus de connotation sexuelle affirmée dans ses représentations féminines qui se cantonnes à une sensualité distante et réservée.
Rappelons qu'après avoir espéré en un avenir nouveau pour les arts au tout début du nazisme, il a ensuite subit une censure féroce, ses tableaux étant montrés comme exemple de l'art dégénéré. S'en est suivi une période jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale ou, reclu dans sa maison, il réalise de très nombreuses peintures qu'il nomme non peintes, qu'il gardait bien évidemment cachées...